• La famille Thon

    « Parce que vous vous prénommez Henri ?, dit Max.

    – Oui, Henri ! Mais appelez-moi Riton !

    – Pourquoi Riton ?

    – Parce que c’est drôle ! Ha ! ha ! ha !

    Là, Max comprit que l’oxygène faisait déjà son effet.

    – Riton comment ?

    – Riton Thon comme mon père !

    – Ah ! Parce que votre père aussi est un Thon ?

    – Forcément puisque je suis son fils !

    – Comment vous différencie-t-on ?

    – Moi, on m’appelle Thon fils par rapport au père Thon que l’on appelle Thon père !

    – Là, je ne vous suis pas très bien, avoua Max.

    – C’est pourtant simple… Par rapport au père Thon, moi je suis Thon fils !

    – Mais Thon père vous appelle bien Thon fils ?

    – Non ! Il m’appelle fiston !

    – Vous vous entendez bien entre Thon père et Thon fils ?

    – Oui même si parfois on se dispute comme du poisson pourri…

    – Par exemple ?

    – On se traite de ‘‘saumon’’ ! C’est la suprême injure Thon : ‘‘saumon’’.

    Je dis à Thon père : « Vous n’êtes qu’un saumon père ! ». Et Thon père me répond : « Tu es encore plus saumon fils que ton père ! ». Et le ton monte ! Vieux Thon ! Pauvre Thon ! Thon crie !

    – Et comment cela se termine-t-il ? intervint Max.

    – Par un gueuleton chez tonton !

    – Parce que vous avez aussi un tonton ?

    – Oui, c’est le plus Thon de tous ! Il a fait le Téléthon. Il ne parle que le Thon ! Il Thon comme un ténor. Plus grave encore, comme un baryton ! Il joue un ton au-dessus.

    – Et vous comprenez le Thon ?

    – Je l’ouïs, oui ! Mais, lui, il pense Thon…

    – Mais quand on se prend pour un Thon, l’est-on ?

    – Bien sûr. De qui se moque-t-on ?

    – Et comment se porte la famille Thon ?

    – Thon baigne dans l’huile… ».

    Raymond DEVOS

    (1922 – 2006)


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  • Ma France

    De plaines en forêts, de vallons en collines,
    Du printemps qui va naître à tes mortes saisons,
    De ce que j'ai vécu à ce que j'imagine,
    Je n'en finirai pas d'écrire ta chanson.

    Au grand soleil d'été qui courbe la Provence,
    Des genêts de Bretagne aux bruyères d'Ardèche,
    Quelque chose dans l'air a cette transparence
    Et ce goût du bonheur qui rend ma lèvre sèche.

    Picasso tient le monde au bout de sa palette,
    Des lèvres d'Éluard s'envolent des colombes,
    Ils n'en finissent pas, tes artistes prophètes,
    De dire qu'il est temps que le malheur succombe.

    Jean Ferrat (1930-2010)


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  • Les matins d'hiver

     

    Je me souviens de ces matins d'hiver

    Dans la nuit sombre et glacée

    Quand je marchais à côté de mon frère

    Sur le chemin des écoliers

     

    Nous arrivions dans la salle de classe

    Où le maître nous séparait

    Nous retrouvions chaque jour notre place

    Et l'on ne pouvait plus se parler

     

    Je me souviens de l'odeur pâle et chaude

    De notre classe calfeutrée

    Des premières lueurs pâles de l'aube

    À travers les vitres givrées

     

    Puis bercés par les vagues d'une douce chaleur

    Que nous prodiguait le vieux poêle

    Nos esprits s'évadaient pour se rejoindre ailleurs

    Vers des plages

     

    Richard Seff (1952)


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  • La famille Thon

    MAX : – Parce que vous vous prénommez Henri ?

    HENRI : – Oui, Henri ! Mais appelez-moi Riton !

    MAX : – Pourquoi Riton ?  

    HENRI : – Parce que c’est drôle ! Ha ! ha ! ha !

    MAX : – Riton comment ?

    HENRI : – Riton Thon comme mon père !

    MAX : – Ah ! Parce que votre père aussi est un Thon ?

    HENRI : – Forcément puisque je suis son fils !

    MAX : – Comment vous différencie-t-on ?

    HENRI : – Moi, on m’appelle Thon fils par rapport au père Thon que l’on appelle Thon père !

    MAX : – Là, je ne vous suis pas très bien.

    HENRI : – C’est pourtant simple… Par rapport au père Thon, moi je suis Thon fils !

    MAX : – Mais Thon père vous appelle bien Thon fils ?

    HENRI : – Non ! Il m’appelle fiston !

    MAX : – Vous vous entendez bien entre Thon père et Thon fils ?

    HENRI : – Oui même si parfois on se dispute comme du poisson pourri…

    MAX : – Par exemple ?

    HENRI : – On se traite de ‘‘saumon’’ ! C’est la suprême injure Thon : ‘‘saumon’’. Je dis à Thon père : « Vous n’êtes qu’un saumon père ! ». Et Thon père me répond : « Tu es encore plus saumon fils que ton père ! ». Et le ton monte ! Vieux Thon ! Pauvre Thon ! Thon crie !

    MAX : – Et comment cela se termine-t-il ?

    HENRI : – Par un gueuleton chez tonton !

    MAX : – Parce que vous avez aussi un tonton ?

    HENRI : – Oui, c’est le plus Thon de tous ! Il a fait le Téléthon. Il ne parle que le Thon ! Il Thon comme un ténor. Plus grave encore, comme un baryton ! Il joue un ton au-dessus.

    MAX : – Et vous comprenez le Thon ?

    HENRI : – Je l’ouïs, oui ! Mais, lui, il pense Thon…

    MAX : – Mais quand on se prend pour un Thon, l’est-on ?

    HENRI : – Bien sûr. De qui se moque-t-on ?

    MAX : – Et comment se porte la famille Thon ?

    HENRI : – Thon baigne dans l’huile…

    Raymond DEVOS

    (1922 – 2006)


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  • Les sapins

     

    Les sapins en bonnets pointus

    De longues robes revêtus

    Comme des astrologues

    Saluent leurs frères abattus

    Les bateaux qui sur le Rhin voguent

     

    Les sapins beaux musiciens

    Chantent des Noël anciens

    Au vent des soirs d’automne

    Ou bien graves magiciens

    Incantent le ciel quand il tonne

     

    Des rangées de blancs chérubins

    Remplacent l’hiver les sapins

    Et balancent leurs ailes

    L’été ce sont de grands rabbins

    Ou bien de vieilles demoiselles

     

    Guillaume Apollinaire

    (1880-1918)


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  • Le dormeur du val

     

    C’est un trou de verdure où chante une rivière

    Accrochant follement aux herbes des haillons

    D’argent, où le soleil de la montagne fière,

    Luit. C’est un petit val qui mousse de rayons.

     

    Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue

    Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,

    Dort : il est étendu dans l’herbe, sous la nue,

    Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

     

    Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme

    Sourirait un enfant malade, il fait  un somme :

    Nature, berce-le chaudement : il a froid.

     

    Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;

    Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,

    Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.


    Arthur RIMBAUD

    (1854-1891)


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  • Les mois de l'année

    Janvier pour souhaiter aux personnes une bonne année.

    Février pour dire aux crêpes qu'elles doivent se préparer.

    Mars pour dire à la Nature que le printemps est arrivé.

    Avril pour dire aux cloches qu'elles peuvent sonner.

    Mai pour dire aux mamans qu'il faut les fêter.

    Juin pour dire au soleil que c'est l'été.

    Juillet pour dire aux vacances qu'elles peuvent débuter.

    Août pour dire aux moissons qu'elles peuvent commencer.

    Septembre pour dire à l'école que c'est la rentrée.

    Octobre pour demander au vent de ne pas trop souffler.

    Novembre pour dire aux disparus qu'on ne les a pas oubliés.

    Décembre pour dire à nos proches qu'on va réveillonner.


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  • La Cigale et la Fourmi

    La Cigale, ayant chanté
    Tout l'été,
    Se trouva fort dépourvue
    Quand la bise fut venue :
    Pas un seul petit morceau
    De mouche ou de vermisseau.
    Elle alla crier famine
    Chez la Fourmi sa voisine,
    La priant de lui prêter
    Quelque grain pour subsister
    Jusqu'à la saison nouvelle.
    « Je vous paierai, lui dit-elle,
    Avant l'oût, foi d'animal,
    Intérêt et principal. »
    La Fourmi n'est pas prêteuse :
    C'est là son moindre défaut.
    « Que faisiez-vous au temps chaud ?
    Dit-elle à cette emprunteuse.
    - Nuit et jour, à tout venant
    Je chantais, ne vous déplaise.
    - Vous chantiez ? j'en suis fort aise.
    Eh bien ! dansez maintenant. »

    Jean de La Fontaine

    (1621-1695)

    Récitation le vendredi 3 décembre 2010 pour les CM2 ;

    récitation le vendredi 10 décembre 2010 pour les CM1.

    Jeu pour apprendre la fable


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  • Souvenez-vous

     

    Il y avait des arbres, il y avait des oiseaux,

    Le blé devait se moissonner bientôt,

    C’est tellement beau l’été qu’on ne peut pas croire

    Que c’est la guerre qui fait marcher l’Histoire.

     

    Les hommes sont arrivés par les labours,

    Ils ont pris position dans les faubourgs

    C’est drôle d’être éveillé en pleine nuit

    Et de se dire que la paix est finie.

    C’est drôle d’être éveillé en pleine nuit

    Et de s’enfuir avec un vieux fusil.

     

     

    Aujourd’hui, il y a des arbres et des oiseaux

    Et le blé doit se moissonner bientôt,

    C’est tellement beau l’été qu’on ne peut pas croire

    Qu’une guerre pourrait faire basculer l’Histoire !

    C’est tellement beau l’été qu’on a envie

    De défendre la paille avec l’épi.

     

    Jean-Pierre Lang

    (1936)


    Récitation le vendredi 12 novembre 2010 pour les CM2 ;

    récitation le vendredi 19 novembre 2010 pour les CM1.


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  • Chanson d'automne

    Les sanglots longs
    Des violons
    De l'automne
    Blessent mon coeur
    D'une langueur
    Monotone.

    Tout suffocant
    Et blême, quand
    Sonne l'heure,
    Je me souviens
    Des jours anciens
    Et je pleure

    Et je m'en vais
    Au vent mauvais
    Qui m'emporte
    Deçà, delà,
    Pareil à la
    Feuille morte.

    Paul Verlaine

    (1844-1896)

    Récitation le vendredi 15 octobre 2010 pour les CM2 ;

    récitation le vendredi 22 octobre 2010 pour les CM1.


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